Le 07 octobre 2017, je suis sorti de l’hôpital Léon Bérard de Hyères pour enfin retourner à la maison. Il est très difficile d’exprimer ce que l’on ressens quand on quitte un endroit où l’on est resté longtemps. La logique voudrait que l’on parle de bonheur et de joie. Joie de retrouver les siens, un environnement familier…Etc.

Sauf que c’est le contraire qui s’est produit. Bien-sûr, j’étais heureux de rentrer, ma famille me manquait. Mais je ne pouvais pas effacer ces 6 mois de vie commune avec d’autres personnes, je ne pouvais pas effacer mon handicap. La joie et la tristesse ont cohabité pendant quelques jours.

Extrait de mon journal intime. Date 06.10.2017

Ça y est, j’ai fait mes adieux au plus grand nombre. Pour certains, les adieux ne sont que des au revoir parce qu’il est certain que je continuerai au moins à échanger avec eux. J’espère sincèrement que ces gens qui donnent autant, auront une vie heureuse.
Isabelle et sa kiné Joanna, native du Portugal, avait organisé un apéritif de départ en mon honneur et en petit comité. Ça m’a énormément touché.
Je n’oublierai jamais mon passage à Léon Bérard.

Puis 3 jours plus tard…

Extrait de mon journal intime. Date 09.10.2017

Quelques jours sont passés depuis mon retour à la maison et tout se passe bien pour le moment. Certes je n’ai plus le petit déjeuner au lit et le petit coucou du matin des infirmières, mais je fais avec.
Il faut que je mette en place une routine de travail pour ne pas rester sans rien faire. L’avantage, c’est que nous déménageons dans 15 jours, je vais donc pouvoir m’atteler à la tâche en faisant des cartons.
Je vais continuer à apprendre l’Italien et à réviser mon anglais. Pour le reste, ce sera gym, lecture et écriture en profitant un peu du soleil que je n’ai pas eu cet été.

2 jours plus tard, soit 5 jours après mon retour…

Extrait de mon journal intime. Date 11.10.2017

J’ai eu mon premier contact avec ma nouvelle kinésithérapeute. Je ne sais pas encore quoi en penser. Je ne suis plus dans un cocon avec une heure de kiné par jour, j’ai maintenant une demi-heure 3 fois par semaine. J’espère que mes pieds ne seront pas pénalisés.
Mon frère est descendu de Lille pour faire un remplacement dans la boite que je gère à Aix en Provence. Pendant ce laps de temps de 15 jours, il loge à la maison, ce qui nous permet de passer un peu de temps ensemble. C’est l’avantage de travailler dans la même société. Il est envoyé par la direction, lui et pas un autre, parce que je peux le loger, sans ça et l’économie de bout de chandelle que cela représente, je ne suis pas sûr qu’un autre n’ait pas été choisi.
Je suis en période de « manque », j’ai encore mes habitudes de l’hôpital fortement ancrées dans la tête. Mes copines infirmières me manquent, mes discussions et mes délires avec la petite Julie aussi, les « bonjour » échangés au hasard d’une rencontre dans un couloir, les instants passés avec Isabelle, il y a encore un vide.
Sinon, je bouge trop, donc la douleur est plus présente et mes pansements bougent et s’enlèvent. J’espère ne pas avoir de mauvaise surprise en attrapant une infection sur ma plaie. L’avenir me le dira.

Et enfin une semaine après, soit 11 jours après mon retour à la maison…

Extrait de mon journal intime. Date 18.10.2017

Le retour à la maison laisse moins de temps à l’écriture. Ce n’est pas que je n’en ai pas eu envie, l’occasion ne s’y est pas prêtée. J’ai plein de choses à raconter et je ne sais pas par où commencer. J’ai toujours cru dans ma vie qu’une mauvaise chose devait être accompagnée d’une bonne, une sorte de balance d’équité. J’ai donc cherché à savoir ce qui m’avait amené à subir cet accident, quelle était la compensation et si elle avait déjà eu lieu. J’ai cru la trouver mais je me suis trompé, au contraire cette blessure m’amène à en subir d’autres et à ce jour, je ne connais qu’une accumulation d’aventures négatives qui m’emmènent chaque jour un peu plus vers le bas. Moi qui me voyait mentalement fort au début de cette aventure, me trouve aujourd’hui bien faible. J’ai passé mon dimanche soir à pleurer et mon lundi à broyer du noir. Je n’ai plus à ce jour de contact avec le personnel de l’hôpital et, en même temps, je m’attendais à quoi ? Je suis dans un cercle vicieux.
Isa m’a dit que j’avais un syndrome dépressif et que ça allait passer. Il faut que je sois fort, que j’attende moins des personnes qui m’entourent, que je sois moins exigeant et plus compréhensif. Il est clair que la région dans laquelle nous avons décidé d’habiter est top en ce qui concerne le climat et la proximité de la mer et de la montagne, mais les gens d’ici sont différents et j’ai beaucoup de mal à m’y faire. Ils ne se lient pas. Certains sont même vils et roublards. Il va falloir faire avec ou changer de région.
Cet après-midi j’ai rendez-vous avec le journal « La Provence » pour raconter mon histoire. Je ne sais pas où cela va aboutir mais si ça peut aider à réglementer une profession nouvelle dans laquelle se jettent des gens sans scrupules et sans compétences, ça sera déjà un bon début.
J’ai vu une émission qui m’a mis hors de moi dans le magazine 7 à huit de TF1. L’émission parle de la prolifération des machines de cryothérapie, les cabines station debout. Cette émission s’est déroulée en 2 phases, la première parlant des boutiques organisées avec soutien médical et kinés qui font la promotion de la récupération musculaire, de la perte de stress et de l’effet reboost d’une séance quotidienne. La 2ème phase sur les gens sans scrupule qui, en caméra cachée, vendent les séances en faisant miroiter le côté amaigrissant de la séance. Gens qui n’ont bien sûr aucune formation médicale et qui, comme dans mon cas, sont incapables de bien réagir en cas d’accident. J’ai envoyé de suite via les réseaux sociaux un message à l’émission, message aujourd’hui resté encore sans réponse. Je tenais à leur faire savoir qu’il y avait déjà eu un accident et qu’il était peut-être temps de faire encadrer cette profession afin que ce genre d’accident n’arrive plus ou qu’il soit bien géré en cas de récidive.

Je me suis rendu compte que la maison dans laquelle nous vivions à cette époque était chargée d’ondes négatives. Beaucoup d’évènements nous avaient pourtant mis la puce à l’oreille depuis quelques mois mais nous restions sourds ou aveugles :

  • L’antenne télé qui tombe, le mat coupé net,
  • mon accident,
  • le poteau de soutien du portail qui cède,
  • 2 accidents de train sur la voie ferrée toute proche, empêchant l’accès à la maison pendant des semaines,
  • une inondation, dans le salon, parce que le voisin mitoyen a une tuile cassée et ça se déverse chez nous.

Le déménagement, à cette époque, nous a fait énormément de bien et je pense même avec le recul, qu’il nous a sauvé.

La suite dans le prochain article : Nouvelle maison, nouveau départ.

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