Je suis content, ce sont les premières asperges que j’arrive à cultiver dans le jardin. Elles sont délicieuses. Le soleil est bien présent et les tomates ne vont tarder à venir. Le printemps est vraiment une belle saison.

Cela fait 3 ans maintenant que mon fils a décidé de quitter la maison, nous ne sommes plus que trois. Ça m’attriste parce que les nouvelles sont rares et j’aurais préféré le savoir avec nous dans ces moments difficiles mais il avait besoin de liberté, majorité oblige…

Le jardin produit beaucoup de fruits et légumes, suffisamment pour mon épouse, ma fille et moi et les surplus que nous laissons dans un panier devant la maison ne sont plus là quand nous remplissons le panier de nouveau le lendemain. C’est un deal tacite qui fonctionne bien avec ceux qui viennent les prendre. Je vous fournis et vous n’avez plus besoin de venir saccager le jardin la nuit pour vous servir.

Ils auraient plus de mal à y entrer aujourd’hui depuis que l’on a érigé ce mur de pierres qui a remplacé le grillage mais je ne souhaite pas courir de risque. Et puis quelque part, ma conscience est soulagée d’imaginer que , grâce à mon jardin, je peux nourrir des personnes dans le besoin. Le calme apparent n’empêche pas la peur et de la peur découle le besoin de se sentir en sécurité.

J’ai eu le nez fin quand j’ai décidé d’héberger pendant quelques temps cette famille qui était de passage en 2021 juste avant le départ de mon fils. Dominique s’y connaissait bien en permaculture et c’est elle qui m’a formé et aidé à transformer mon jardin en jungle organisée. Je n’aurais pas pu y arriver seul, et Dieu seul sait ce que nous serions devenus.

Depuis que l’économie a sombré, on ne peut compter que sur soi-même et sur la générosité des autres.

Qui aurait pu prévoir que ce virus apparu en 2020 reviendrait l’année d’après encore plus résistant, et l’année suivante encore plus ravageur?

En 2022, des villes entières ont été ravagées, il y a eu des millions de victimes. La nature a du sourire quand elle nous a observés les années précédentes, réagissant comme des enfants gâtés face au COVID-19.

Quand ils ont trouvé le remède, les gens ont oublié mais sont devenus encore plus égocentriques. Une minorité a tenté de les prévenir mais ils sont passés pour des fous. Bizarrement, aujourd’hui, ces fous sont des survivants alors que les autres, dans leur grande majorité, ont été puni.

Comment ? Je ne peux qu’extrapoler. Pourquoi ? J’ai bien ma petite idée.

Ils ont continué à penser économie, production à outrance, industrialisation, consommation, surconsommation et donc pollution. Alors le COVID-19 est revenu, modifié, plus fort et comme 2 avertissements n’ont pas suffi, il est encore revenu, tueur comme jamais, pour dire stop.

Les points géographiques les plus riches en population ont été ravagés. Les grandes villes ont perdu 90% de leur habitants. Les médecins n’ont rien pu faire. Pour survivre il a fallu se cacher, s’enterrer et laisser passer l’orage. Même faire ses courses était devenu dangereux, il a fallu penser autrement, penser auto-suffisance.

Je ne crois pas que ce virus soit né dans un laboratoire. Comment est-ce possible que les animaux n’en aient pas été les victimes ? Pourquoi les petites villes de campagne ont-elles été épargnées ? Pourquoi ceux, qui comme nous, ont décidé de revenir vers la nature à temps, n’ont-ils pas été touché ? Pourquoi le virus a disparu aujourd’hui ? Nous laissant avec cette peur salvatrice qui nous maintient dans le droit chemin. Ce chemin que la nature elle-même nous a montré.

Mais rien ne sert aujourd’hui de se poser des questions dont nous n’aurons jamais les réponses. C’était un grand jeu hier et ça ne menait déjà nulle part.

Aujourd’hui, il faut survivre.

Quand je l’écris ce mot « survivre » me semble inexact. J’ai, au contraire, l’impression de vivre avec juste cette petite gène, cette honte d’avoir survécu au dépend d’autres qui le méritaient peut-être plus que moi. Mais tant pis, si j’ai été choisi ou épargné, c’est qu’il y a une raison, alors je vis pour moi et pour les autres qui n’ont pas eu cette chance.

On en est revenu aux choses simples. Les fruits et légumes dans un 1er temps, les animaux dans un 2ème.

J’avais acheté quand l’argent valait encore quelque chose, des chèvres et des poules. Mon épouse a appris à faire du beurre et du fromage dans des conditions d’hygiène qui laissent parfois à désirer 😆 , mais qui s’en soucie de nos jours ? Les vétérinaires n’ont plus pour obligation de vérifier si telle ou telle société agro-alimentaire est bien aux normes. Ces sociétés n’existent plus.

Une par une les sociétés ont fermé comme dans un grand jeu de dominos. Certains artisans n’avaient plus de raison d’exister, les commerces superflus ont fermé, les assureurs ont baissé le rideau ne pouvant plus satisfaire aux remboursements et n’étant plus payés par les assurés. Les banques ont suivi quand les gens ont cherché à retirer l’argent qu’ils avaient sur leur compte, ce qui à moyen terme n’a pas servi à grand chose, puisque l’argent n’a plus eu de valeur. Et puis tout s’est enchainé, on s’est retrouvé à mi chemin entre walking dead et Mad Max sans les zombies et sans trop de violence, mais sans gasoil ni électricité…

Plus possible de s’arrêter à la station essence, même en cas de coup de pompe.

Pendant les temps de confinement, le troc s’était déjà mis en place. Tel ou tel avait des capacités ou des biens que l’autre n’avait pas et les micro-communautés, qui se créaient avec les voisins proches, commençaient à s’entraider.

Notre Chance ? Qu’une partie conséquente de la population ait été décimée. Ainsi, il reste assez de richesses sur la planète pour satisfaire tout le monde. Pas besoin de se battre ou de piller pour avoir quoique ce soit, il suffit juste de mettre la main à la pâte ou de demander.

Il faut dire que les besoins ne sont plus les mêmes : Se loger, se nourrir, se soigner. Vouloir s’habiller avec les dernières fringues à la mode n’existe plus, s’acheter la dernière voiture, avoir le dernier téléphone portable, tout ça fait partie du passé. D’aucuns diront que l’on est revenu 100 ans en arrière, moi je dis que l’on a fait un bond extraordinaire en avant, que l’on a enfin compris, par obligation et non par choix.

Une fois par an, nous remontons vers le Nord avec notre vieille voiture, c’est notre voisin qui fabrique de l’essence à base de je ne sais quels légumes, qui nous la fournit et qui s’occupe de notre jardin et de nos animaux. Beaucoup de nos proches ne sont plus là ainsi que nos amis d’avant (Avant COVID), mais il en reste (Seb, toi tu es encore là, sinon je sais que tu ne vas pas te sentir bien 😆 ) et il nous plait de retourner les voir. Les relations sont plus saines et ces moments passés ensemble sont des vrais moments vécus remplis de sincérité et d’amour.

Il aura fallu attendre un drame pour enfin vivre comme nous aurions du le faire depuis longtemps. L’économie dirigeait le monde et nos esprits un peu étriqués.

Au fait, on a réélu notre maire le mois dernier, si mes souvenirs sont bons, les votes en 2020 n’avaient aidé qu’à propager le virus de façon plus intensive. Il n’y a plus de président, de députés, de sénateurs, on en est revenu aux chefs de villages. Les maires tiennent bien leur rôle. Ils sont proches de nous et œuvrent maintenant pour le bien de tous.

Sans intérêt économique, l’homme est redevenu humain. Ça fait du bien !

Ps : les personnes intelligentes se seront rendues compte que c’est une fiction puisque ça se passe en 2025 et que nous n’y sommes pas encore. Les autres le sauront en lisant cette phrase mais ne l’avoueront jamais. Pour être totalement transparent, j’avoue que cette vie-là ne me déplairait pas tout à fait…

Abonnez-vous !

Vous souhaitez recevoir directement sur votre boite mail le dernier article du blog ? Inscrivez-vous en suivant ce lien.