J’ai retrouvé la trace d’une pensée que j’avais écrite quand le COVID-19 a frappé pour la 1ère fois. Si seulement il y avait eu une prise de conscience à ce moment-là !

Extrait de mon journal intime. Date 14/04/2020

Hier, le président Macron a parlé aux alentours de 20h00. Il a pris la décision, en relation avec un conseil d’experts, de prolonger le confinement de 30 jours jusqu’au 11 mai prochain. Ce délai pourra encore être rallongé si les conditions de sortie ne sont pas optimales. C’est une catastrophe économique pour certains commerces et certaines professions. Mais je pense, qu’à ce moment, il s’agit juste de sauver des vies et de limiter la casse. J’imagine que le restaurateur qui vit ça de loin doit s’énerver de voir son business s’écrouler mais je crois que celui qui vient de perdre un proche touché par le virus ne doit pas le voir de la même façon. Ce matin, je suis sorti pour faire des courses de 1ère nécessité, je ne prends jamais de caddy, je prends un sac de courses pour me rationner et ne pas être tenté de piller les rayons. C’est assez efficace et je ne prends que ce qui est utile, voire vital. Quel ne fut pas mon étonnement ce matin de voir autant de monde partout en ville. Des parents se promènent avec leurs enfants, des joggeurs viennent de tous les côtés et leur équipement me laisse à imaginer qu’ils ne se contentent pas du km imposé par le gouvernement (sac-gourde dans le dos par exemple), les gens se croisent sans masque pour la plupart dans les commerces (je n’en ai pas non plus mais je fais attention à respecter les distances de sécurité). J’ai eu cette bizarre impression que nous n’étions plus confinés. J’ai surtout été choqué par cette vague de violences verbales à l’attention de M. Macron, de son gouvernement et de leurs décisions sur les réseaux sociaux. Je ne suis pas pro ou anti Macron, mais n’est-il pas trop tôt pour juger ? Je ne sais pas mais je pense que les critiques violentes et grossières ne doivent pas être constructives. Pour parler d’autre chose, mes soins n’ont donc toujours pas repris, je passe des fois des nuits de douleur sans sommeil, mais je le vis bien ou je crois que je le vis bien. Ma prochaine opération prévue le 25 mai risque de ne pas avoir lieu, j’ai quelques réticences à aller en réanimation en ces temps troublés. Affaire à suivre…

C’est fou, quand je relis ces quelques mots, ce n’est pourtant pas si loin. Aujourd’hui le comportement humain a tellement changé… Quelle tragédie ! Combien de ces enfants qui se baladaient avec leurs parents, de ces joggeurs qui avaient besoin de courir, de ces gens qui avaient besoin de sortir au mépris des règles qu’ils trouvaient insensées, combien sont encore en vie aujourd’hui ? Combien sont morts avec le seul espoir de relancer l’économie ?

Quand je relis mon journal intime, je me dis qu’il est important aujourd’hui de laisser une trace écrite de ce que nous vivions et de ce que nous vivons. Qu’avions-nous avant et que nous n’avons plus aujourd’hui ?

L’électricité

Aujourd’hui, nous n’utilisons plus d’Uranium, les centrales se sont arrêtées. Chacun doit produire sa propre énergie. Certains ont la chance d’être équipés de panneaux solaires sur leurs maisons, d’autres ont des éoliennes personnelles. Des villages proches de parcs d’éoliennes ont réussi à détourner l’énergie produite pour leur propre consommation.

Personnellement, nous n’avons pas de système de production d’électricité, nous vivons donc sans. Nous nous chauffons au bois l’hiver, nous cuisinons au bois, nous chauffons l’eau par le même procédé et nous nous éclairons à la bougie. Tous nos outils électriques ne nous servent pour l’instant à rien, mais je les garde. J’ai ouï dire que quelqu’un du coin s’était spécialisé dans l’installation de systèmes de production d’électricité autonomes. Peut-être qu’un jour…

Téléphone, télévision et internet

Nos enfants ne passent plus de temps sur leur téléphone ou en ligne sur leur console. Ils ne le peuvent plus. Ces choses appartiennent au passé. Pour communiquer, des postes de communication radio et morses ont été créés par des passionnés un peu partout sur le territoire.

La télévision ne sert plus qu’à passer des DVD et à jouer avec des vieilles consoles qui n’ont pas besoin d’être connectées. Cela vaut pour ceux qui ont la chance d’être équipés d’un système de production d’énergie autonome.

L’argent, la propriété

Il n’existe plus, l’or et tout autre produit précieux comme les pierres n’ont plus de valeur. Tout est géré par le troc, mais beaucoup donnent. De ce point de vue, l’humanité a vraiment changé en bien.

La notion de propriété immobilière est respectée pour ceux qui résidaient déjà dans leur bien avant la catastrophe. Suite au nombre important de décès, un grand nombre de biens se sont retrouvés vides et de nombreuses personnes les ont donc occupés sans que personne n’y trouve à redire.

Les personnes qui, comme moi étaient en location ont pu continuer d’occuper leur maison en accord avec leur « propriétaire » si tant est qu’il soit encore en vie.

Les moyens de transport

Le principal moyen de transport aujourd’hui ? À ma connaissance, il y en a deux : le vélo et le cheval. Ceux qui me connaissent savent que je privilégie le vélo car le cheval me fait un peu peur et quand je suis dessus, j’ai le mal des transports. 😆

Il y a encore des voitures bien-sûr, mais elles sont utilisées très rarement, l’essence étant une denrée rare. Les voitures électriques n’ont plus la capacité d’être chargées alors elles disparaissent petit à petit de la circulation.

Extrait de mon journal intime. Date 29/04/2020

Hier, je suis retourné chez ma kiné. Quel soulagement de la revoir, tant pour la bouffée d’air frais que cela m’a procuré que pour mes pieds qui s’en trouvent fort soulagés. Je n’y suis pas allé en taxi, pour éviter le transport en commun et les risques associés. Je ne souhaite pas contaminer si je suis porteur sain ou être contaminé si je ne le suis pas. Alors je conduis même si c’est plus douloureux. C’est peut-être de la peur exagérée, je préfère imaginer que c’est de l’instinct de protection. Toutes les règles sont respectées : gel hydroalcoolique à l’entrée pour les mains, un patient à la fois et ils ne se croisent pas, désinfection de la table de massage et port du masque obligatoire pour elle comme pour moi. Je me sens rassuré et protégé. J’y retourne samedi, j’ai hâte. Hier, le 1er ministre a parlé annonçant un déconfinement possible à compter du 11 mai. Reprise des cours pour certains et dans certaines conditions, réouverture des commerces mis à part les restaurants, bars et autres lieux de rassemblements. Certaines régions seront déconfinées plus vite que d’autres en fonction de leur taux de nouveaux cas recensés. Ça sent la 2ème vague…

Nous avons perdu énormément de moyens qui nous faisaient gagner du temps dans notre vie d’avant. Ces moyens avaient un coût et faisaient fonctionner une économie qui n’existe plus. Et puis, ce temps gagné était en définitive un temps de vie et de partage perdu. Nous étions les esclaves du : Gain de temps , gain d’argent !

Je ne suis pas certain que l’on ait perdu au change. Bien au contraire.

ps : Quand mon épouse a lu ce texte, elle m’a demandé pourquoi on n’avait pas déménagé en 2025. Elle ne se voit pas chauffer l’eau au feu de bois. 😆

Abonnez-vous !

Vous souhaitez recevoir directement sur votre boite mail le dernier article du blog ? Inscrivez-vous en suivant ce lien.