Les pompiers ont été très réactifs. J’ai été amené à l’hôpital d’Aix en Provence au service des urgences à la vitesse de la lumière. Mais pendant le trajet, la douleur s’est réveillée.

La douleur, la peur et encore la douleur…

J’ai encore en tête, comme un arrêt sur image, les regards des personnes qui m’ont vu entrer dans le hall des urgences sur un brancard en hurlant, comme s’ils venaient de se rendre compte que ce qu’ils avaient n’était pas si grave. La douleur était à son paroxysme, je n’ai jamais connu une telle chose avant. Je frappais contre les murs, je serrais les dents, je priais pour que cela s’arrête, mais rien n’y faisait. La douleur…

On m’a mis les pieds dans une bassine avec une eau à 37 degrés afin de les ramener à la température du corps. Pas de cachets, il fallait découvrir ce qui avait été touché. Rien n’est prévu pour ce genre de cas. Imaginez moi, allongé sur le brancard, en train de soulever mes jambes pour que les pieds puissent tremper dans la bassine sans toucher les bords et ce pendant des heures. La douleur…

Pendant ce temps, un médecin entre, prends mon pouls au niveau des chevilles et m’indique que les artères ne sont pas gelées, on ne me coupera pas les pieds. Tout cela est surréaliste. La peur…

Ma femme me rejoint, elle ne le pouvait pas avant. Je criais trop, je tapais trop. La douleur est toujours présente, toujours aussi forte, mais je suis lessivé, je ne crie plus, je ne tape plus, je pleure. La douleur…

A un moment donné, le pronostic vital n’est plus engagé. Je quitte les urgences.

Ma première chambre.

On me fait monter dans une chambre dans le service qui leur semble être le plus adapté à ma pathologie : Le service de chirurgie vasculaire.

C’est là qu’on me donne de la morphine, je tombe endormi en quelques minutes. Le chirurgien passera le lendemain matin.

Les médicaments font effet, dormir m’a fait du bien, je me réveille sans savoir ce qui va se passer, je n’ai aucune idée du parcours qui m’attend. Une chose s’est produite pendant la nuit, mes pieds ont gonflé, ma voûte plantaire a pris du volume, beaucoup de volume. Du liquide s’est glissée entre la chair et la peau créant une surépaisseur de 3 à 4 cm sous les deux pieds.

Toute la voûte plantaire est gonflée, y compris les doigts de pieds. Une grande cloque s’est formée en se remplissant d’un liquide transparent. La douleur est faible ce qui signifie que les nerfs ont été touchés. Nous sommes sur une brûlure de type 2ème degré profond ou 3ème degré. La peau est blanche, cartonnée.

Arrivée du chirurgien.

Le chirurgien spécialisé en chirurgie vasculaire arrive, constate l’étendu des dégâts et se demande pourquoi on m’a emmené dans son service. Ma place n’est pas ici, elle est, d’après lui, dans un centre de grands brûlés.

Mon passage à l’hôpital d’Aix en Provence s’arrête ici. Le 25 septembre 2017, lendemain de l’accident, je suis envoyé au service des grands brûlés de l’hôpital de la Conception à Marseille.

Je suis emmené sur brancard au service des grands brûlés du professeur Casanova. Une nouvelle étape commence ici.

La suite dans l’article suivant : Avant l’hospitalisation définitive.