Je suis dans la salle d’attente aux urgences des grands brûlés de l’hôpital de la Conception de Marseille. Des ambulanciers viennent de m’emmener dans ce service à la demande du service de chirurgie vasculaire de l’hôpital d’Aix en Provence.

Je suis là depuis un petit bout de temps, je suis sur mon brancard et je sens bien que je gène. « C’est qui ce monsieur ? », « Il vient d’où ? », « Qui l’envoie ? », « Ils sont bien gentils à Aix mais ils pourraient prévenir quand ils nous envoient des patients. ».

Premiers contacts

L’énervement suite aux difficultés administratives de mon admission forcée passe et je suis pris en charge par Laura, l’infirmière préposée aux pansements du service.

Laura est une jeune infirmière très professionnelle, elle maitrise son sujet et met le patient au premier plan. Ce premier contact me rassure. Elle a un collier Disney autour du cou, ça parait bizarre mais ça me détend. Elle fait appel, une fois que je suis installé, à la chirurgienne de service : Le Docteur Hautier.

Le docteur Hautier se présente avec son interne Arthur. Ce sont eux, si je me souviens bien, qui ont découpés mes cloques. J’ai la chair des deux voûtes plantaires à l’air libre. Le nettoyage de la plaie est douloureux, Laura fera ce jour mon 1er pansement.

Chez vous ou chez moi ?

J’entends le docteur Hautier expliquer à mon épouse qui est en salle d’attente que 2 solutions se posent à moi. La 1ère, rester à l’hôpital, le pansement se changeant toutes les 48 heures, il faut que je sois là à ce moment là. La 2ème, rentrer chez nous et venir en ambulance tous les 2 jours pour changer le pansement.

Je n’ai pas envie de rester et, à ce moment, je ne sais pas encore ce qui va réellement se passer, je n’ai aucune conscience de la gravité de ma blessure. La décision est prise, nous rentrons à la maison et je reviendrai tous les 2 jours en ambulance. Des médicaments me sont prescrits, à base de codéine, rien de trop fort pour le moment.

A la maison

Je suis en fauteuil roulant, les déplacements seront donc limités, voire inexistants car dès que mes pieds repassent en dessous de mes hanches, la douleur explose (du style intenable). On équipe le fauteuil du salon, j’y ferai ma toilette, j’y passerai mes nuits, j’y prendrai tous mes repas. Mon seul déplacement se limitera aux toilettes, je m’y rends en rampant… (seule différence avec l’escargot, je ne laisse pas de traces :-))

Pas le droit de poser les pieds au sol, le travail musculaire des bras et des épaules commence. Une chaise est installée dans les toilettes afin que je puisse tendre mes jambes quand je siège sur le trône. Pour éviter la douleur, on garde les jambes tendues.

Puis je retourne à l’hôpital voir Laura, Arthur et le docteur Hautier pour refaire mes pansements toutes les 48 heures. Il faut savoir que la coagulation du sang génère une matière appelé fibrine. C’est une fibre blanche qui se colle à la surface de la plaie et qu’il faut enlever.

Douleur quand tu nous tiens

La fibrine, quand il s’agit de l’enlever, il faut gratter, sur la chair…

Pour préparer ces grattages, on commence à me donner des médicaments plus forts et lors de l’intervention, on me met le masque avec le gaz « hilarant ». Ça a son petit effet sur les premiers pansements mais plus les pansements avancent et plus la douleur devient intense et les médicaments ne peuvent plus rien.

Une quinzaine de jours après l’accident, je reviens pour mon dernier pansement, celui de trop. La gaze s’est collée sur la chair, l’enlever est un supplice, je hurle, je pleure, la douleur me tétanise. je suis incapable de bouger mes jambes et mes bras, je tremble, je veux que ça s’arrête.

Laura stoppe le pansement, elle non plus ne peut plus continuer sans me faire souffrir. Il va falloir anesthésier. Je ne peux plus rentrer chez moi, je suis hospitalisé pour de bon…

La suite dans mon prochain article : Mes premiers jours à la Conception.