Le jour J
Aujourd’hui est un jour particulier dans l’après accident. C’est le jour de la première convocation au tribunal judiciaire d’Aix en Provence dans le cadre de la procédure pénale mise en place suite à mon dépôt de plainte à la gendarmerie de Lambesc.
Je suis arrivé au tribunal avec un calme apparent mais mon rythme cardiaque trahissait clairement mon stress non maitrisé. Heureusement que mon corps n’est pas transparent laissant ainsi la vision de mes organes aux yeux de tous, ils auraient eu vite fait de voir que mon cœur battait trop vite.
Premier coup de chaud quand j’ai aperçu du coin de l’œil le prestataire de la cryothérapie que j’ai volontairement ignoré pour ne pas accroitre mon rythme cardiaque. Je pensais ne pas avoir de colère contre lui. Force est de constater que je me trompais lourdement.
Deuxième coup de chaud quand il a fallu passer sous les portiques de sécurité avec les béquilles, le sac en bandoulière qui contient tous mes dossiers. Sécurité oblige.
Et puis on pénètre dans le tribunal. À ce moment-là mon cœur bat la chamade, j’ai peur du malaise tellement je le sens battre en moi.
Je suis venu pour parler de ma souffrance, celle que je contiens jour après jour afin qu’elle ne prenne pas le dessus. Aujourd’hui, c’est son jour, je vais pouvoir parler d’elle, la mettre en avant sous les projecteurs de la scène. Je vais la libérer pour qu’il sache lui, pour qu’ils sachent tous ce que d’habitude je tais.
Cette souffrance, que je garde pour et en moi en temps normal, est le fruit de mon accident, d’une machine, de l’incapacité d’un homme à avoir les bonnes réactions mais qui prétend le contraire.
Cet homme est devant moi et, accompagné de son avocat, ils demandent un report d’audience. Dossier pas reçu dans les temps, pas le temps de préparer sa défense, … Du jus d’avocat avec une sauce sucrée au miel qui me fait vomir.
Cet homme qui, pour moi, a fauté se pose en victime à quelques mètres du banc sur lequel je suis assis. Comment ose-t-il ?
Retourne-toi et regarde moi dans les yeux sale menteur.
Voilà, c’est terminé. La présidente accorde le report d’audience, non sans un certain agacement, au 16 septembre prochain. Tout retombe comme un soufflé. Ça a duré 5 minutes.
Je le sentais et maintenant je ne le sens plus.
Je suis fatigué.
Je suis triste.
Je suis déprimé.
3 années et quelques pour en arriver là.
Demain, ça ira mieux, j’en suis certain. Je verrai d’autres choses, l’horizon sera plus dégagé. Là, je me sens trahi. Comme si j’étais un simulateur, comme si ce que j’avais, au final, n’était pas grave. Comme si je faisais des caisses de pas grand chose.
Et lui dans tout ça ? Comment va-t-il ? Est-il rassuré ? Rigole-t-il avec des amis autour d’un Pastis se disant qu’il va peut-être s’en sortir ? Leur raconte-t-il des mensonges comme il l’a fait avec les gendarmes ? Finit-il par y croire lui-même ? Est-il vraiment persuadé qu’il m’a accompagné au mieux ? Croit-il vraiment au fait qu’il a actionné le bouton d’arrêt d’urgence, qu’il a coupé l’arrivée d’azote, qu’il m’a aidé à sortir de la machine ?
Ce n’est pas possible. Tu ne peux pas t’en sortir sur les seules bases de ton témoignage rempli de mensonges éhontés. Ça ne peut pas finir comme ça…
Ta conscience va te tarauder et te manger de l’intérieur. On ne peut pas mentir et s’en sortir indemne. Ton corps en payera les conséquences. Si tu ne veux pas être malade, libère toi de tes mensonges.
Le lendemain au réveil
J’ai dormi comme un bébé, le cerveau n’a pas ressassé cette histoire en boucle. Je me suis endormi du sommeil du juste.
Ce matin, au réveil, j’ai remis ma douleur dans sa cage mais je n’arbore pas mon plus beau sourire. Laissons faire le temps.
J’ai vidé mon sac même si je pense que j’aurais pu être encore plus grossier. Ma thérapie par l’écriture fonctionne en tout cas. Je me sens plus léger.
ça ne m’aidera pas à mieux marcher, mais à mieux vivre, oui sûrement .
Si ça n’a pas eu lieu hier, c’est que ça ne devait pas avoir lieu. La prochaine sera la bonne. Rendez-vous au 16 septembre.
Que d’émotion à te lire Vincent, quelle souffrance et quelle force !
Tu forces l’admiration.
En fait, je n’ai pas de mots, sans doute pas les bons pour t’exprimer ici mon admiration face à l’expression de ta douleur., ta résilience
Christine
Merci Christine
Beaucoup d’attente et beaucoup de frustration….mais ce n’est que partie remise….c’est facile à dire,j’en suis consciente! Mais quoi qu’il arrive vous êtes entouré de personnes qui connaissent la vérité, qui vous soutiennent et qui vous aiment….
Tu as parfaitement raison!
Ça ne devait pas se passer ce jour ! C’est long , c’est long, mais le 16 Septembre sera le bon 👍!
I hope so
Vincent,
La justice est parfois aveugle et injuste, j’en ai fait les frais… tu a été blessé dans ta chair et maintenant dans ton cœur !
Nous ne pouvons pas rester indifférent à ta souffrance, y a t il un autre moyen pour dénoncer ce crime ?
Nico
Hélas, non. Tout est fait ou a été fait. Mais rien n’est fini! J’y crois de nouveau. 🙂