pied brulé suite à accident de cryothérapie

C’est rigolo comme l’écriture peut faire remonter les souvenirs à la surface. De même, la lecture renvoie des images à ceux qui m’ont accompagné et qui ont, eux aussi, vécu des choses.

Mon épouse m’a d’ailleurs rappelé, sur la rédaction d’un article (épisode 6) que j’avais quitté une chambre simple pour une chambre double. C’est un souvenir que j’avais complètement occulté. On en a donc discuté et certaines images me sont réapparues.

La première n’est pas la plus funky mais la plus drôle à mon sens. Je revois mon voisin de lit se lever avec la blouse ouverte dans son dos et une vue imprenable sur sa raie. 😆

Mais je ne me souviens pas de tout. J’ai eu 2 collègues de chambrée et je ne suis pas capable de m’en souvenir totalement.

On m’a également rappelé que l’on m’avait acheté du parfum d’ambiance pour améliorer la qualité de l’air de ma chambre. N’oublions pas que je faisais mes besoins sur place dans une bassine. Un petit « Pschittt » de parfum n’était pas de trop pour les personnes qui venaient me rendre visite. 😆

Ma femme m’a également rappelé que ma marraine était venue avec un seau pour me laver les cheveux. Ça devait faire plus de 10 jours que mes cheveux me grattaient. J’étais toujours immobilisé et ce shampooing m’a fait un bien fou ! Comment ai-je pu oublier ce moment de lumière dans l’obscurité ?

Je me souviens surtout des rendez-vous post opératoires, j’étais impatient de savoir comment s’était déroulée l’intervention et quelles étaient les avancées au niveau des pieds. C’était souvent Arthur, l’interne, qui venait me tenir au courant de l’avancée de ma situation. Toujours optimiste mais jamais de fausses promesses. J’avais toujours une visibilité à 4 jours : Le passage suivant au bloc opératoire.

La palme pour mon épouse

Ah ! Ce cadeau, comment ai-je fait pour oublier ça ?

Hospitalisation oblige, j’ai passé la fête des pères à l’hôpital. Heureusement mon épouse m’a ramené un cadeau pour me remonter le moral !

Roulement de tambour, j’enlève le papier cadeau (Je dis ça, mais je ne me souviens même plus s’il y en avait, mais au moins vous imaginez le suspens !) et là, que vois-je ? Un bouquin sur une personne qui a perdu ses 2 bras… « 15 000 volts – Une méthode pour s’accomplir » de Louis Derungs.

Sur le coup, j’ai trouvé que l’achat était osé, voire non adapté et risqué pour le maintien de mon mental au beau fixe mais sa lecture m’a fait changer d’avis.

Je ne vais pas vous faire l’apologie du bouquin ni sa narration en détail mais, dans les grandes lignes, il s’agit de la capacité de résilience d’un homme qui a perdu ses 2 bras après qu’il ait été traversé par un arc électrique de 15000 V.

Je ne souffre pas de la même chose mais sur le fond, j’ai pu y voir quelques similitudes. La grande différence réside dans sa capacité à se mettre des défis à long terme et à tout tenter pour les réussir. En ce qui me concerne, je fonctionne différemment, je regarde en arrière de temps en temps et je me félicite du chemin parcouru. Je vis au jour le jour.

Journal Intime. Date : 21.11.2019

Nous sommes jeudi et 3 jours sont passés depuis l’opération. Les nuits sont difficiles sans être compliquées. Les douleurs du pied et du ventre (endroit où la graisse a été prélevée) me réveillent régulièrement. Ce sont des douleurs de contact, je bouge, je me réveille. Se mouvoir sur un pied qui est encore douloureux avec des béquilles n’est pas simple. Se laver, aller aux toilettes, monter et descendre les escaliers sont autant de gestes compliqués. Je compte les jours qu’il me reste avant de pouvoir enlever le pansement du pied ainsi que les points de suture sur le ventre qui m’empêchent de m’allonger dans un bain. C’est une suite de lundis : 1er lundi opération, 2ème lundi plus de pansement au pied, 3ème lundi on enlève les fils, 4ème lundi on remet la chaussure et on espère que cela ne fera pas trop mal. Je n’ai pas eu le compte rendu opératoire, je ne sais pas si la chirurgienne a pu mettre beaucoup de graisse sous mon pied. J’en saurai plus lundi. Difficile de rester dans l’instant présent, vivement lundi (spéciale dédicace à Bernard Menez et cette magnifique série des années 80 😆 ).

En voulant oublier la douleur, la tristesse, la solitude, l’accident et tout ce qui peut être négatif, on ne fait pas le tri et inconsciemment on rejette des choses vécues positives. C’est dommage, on se sépare des bons souvenirs qui y sont associés. D’ailleurs, avec le recul, il est même plus sain de ne pas mettre dans l’ombre ce que je pense appartenir au domaine du négatif dans ma vie. Ces expériences sont là pour que je puisse apprendre, que je puisse avancer, elles me rendent plus fort. Ce sont parfois des messages…

La suite dans le prochain article : La greffe.