Dernier pansement le vendredi et reprise du protocole le lundi, il n’est donc pas nécessaire de rester à l’hôpital le week-end si un retour au domicile est possible.

À partir du moment où je redeviens mobile, en fauteuil ou en béquilles, je peux rentrer chez moi. Le tout est d’être rentré avant 20h00 à l’hôpital le dimanche soir.

Ces moments sont des bulles d’oxygène familiales. Je retrouve femme et enfants ainsi que mon bébé chien blanc et mon gros chat noir.

Mon bébé chien, un berger blanc Suisse. Il n’a même pas d’accent.
Mon bébé chat dont le terrain de jeu préféré est mon lit.

Oui, je n’ai pas mis de photos de ma femme et de mes enfants. Ce n’est pas que je préfère montrer mes animaux, c’est juste que ma douce ne souhaite pas être mise en avant sur le site pour le moment. Comme beaucoup de personnes, elle ne se trouve pas photogénique et elle va me tuer pour avoir osé le marquer. 😆

Mais reprenons. C’est certes compliqué car la maison n’est pas adaptée à ma condition et il faut que je monte les escaliers sur les genoux. Vous pouvez essayer, c’est trop sympa. Il faut également installer une chaise dans la douche car je ne peux toujours pas rester debout. Mais on s’adapte ! Le positif tiré de ces moments effaçant complètement le négatif de la situation.

J’avoue juste que, pendant ces instants où je dois m’adapter à ce corps diminué, je prie pour que la situation évolue.

D’ailleurs, si vous voulez savoir comment s’est passé mon premier week-end de permission, je l’ai écrit dans mon journal intime. Voici l’extrait :

Extrait de mon journal intime. Date 28.08.2017

Je sors le week-end en permission, ça donne l’impression d’être de nouveau à l’armée. J’ai maintenant une bande de contention blanche à la jambe droite et une chaussette de compression noire à la jambe gauche. J’arrive à mettre des baskets aux 2 pieds, ce qui me rend moins ridicule. Ces baskets, de la marque Skechers, sont équipées de semelles confortables à mémoire de forme, je les conseille fortement à ceux qui ont des problèmes aux pieds.
Nous sommes allés, mon épouse et moi-même, au magasin de sport à proximité de la maison pour acheter une nouvelle paire de baskets pour ma fille. J’ai commencé à l’intérieur du magasin à ressentir un malaise. Toutes les personnes que je croisais me regardaient de façon prononcée. Bizarrement, ça m’a beaucoup gêné, cela m’a rappelé ma condition, mon accident. Pourtant, je les comprends, je crois que j’aurais eu la même réaction qu’eux si je m’étais croisé dans un magasin. Je me serais posé la question du comment en regardant fixement mes jambes. Qu’est-ce qu’il a et qu’a-t-il fait ?
Ensuite nous sommes allés au restaurant Japonais et même réaction quand nous sommes partis et que nous avons dû traverser le restaurant. Je n’ai vraiment pas aimé, et ce sentiment est tout nouveau, j’espère qu’il ne durera pas.
L’après-midi, j’ai regardé la télé et je suis tombé sur une émission qui retraçait la vie des urgentistes du SAMU des Bouches du Rhône. Bingo, je me suis mis à pleurer, discrètement et pas longtemps, mais j’ai pleuré. Il va vraiment falloir que je sorte ce qui est en moi et que je n’arrive pas à faire sortir seul sinon je vais ressentir un blocage toute ma vie. Il faut que je prenne rendez-vous avec une psychologue à ma sortie de l’hôpital pour exorciser le mal qui est en moi.
Dimanche a été, par contre, une très belle journée. Nous sommes allés au club de rugby d’Aix en Provence dans lequel évolue mon fils. Les éducateurs et dirigeants de sa catégorie avaient organisé une journée d’intégration avec, pour finir, un repas avec les parents pour la cohésion du groupe. Au menu, auberge espagnole, rosé, discussions sympas et variées, rires, tout ce qu’il faut pour rendre la vie plus qu’agréable. Le rugby est un sport d’exception qui réunit les personnes autour de valeurs qui m’inspirent comme le respect et la camaraderie.

À l’hôpital, vous êtes dans la normalité. Tout le monde est là pour récupérer, se réparer. Vous êtes comme eux, ils sont comme vous avec des pathologies différentes mais avec le même objectif.

Alors vous vous habituez à cette situation. C’est une nouvelle vie.

Toutefois, quand vous sortez, vous n’êtes plus dans la norme et vous sentez le poids du regard des autres personnes que vous êtes amenés à croiser. Je suis un extra terrestre, je suis handicapé. Le poids de cette charge est dur à porter.

Bien-sûr, cela ne dure qu’un temps et de toutes les façons, mon manque de mobilité m’oblige à rester chez moi la plupart du temps. Mais de ce point de vue là, le retour à l’hôpital est salvateur. Je suis de nouveau parmi des gens comme moi, des personnes qui me ressemblent, ne me jugent pas et me comprennent.

En parlant de ça…

C’est d’ailleurs très avantageux de ne pas être seul. Je parle bien-sûr de mon point de vue. Le fait d’être entouré de personnes m’engage à me tourner vers les autres. Essayer de comprendre leur douleur, comment sont-ils arrivés ici.

En étant un malade parmi des malades, j’ai développé mon empathie. Isa m’a beaucoup aidé à ce niveau-là, j’ai essayé de calquer ma façon de voir les autres sur la sienne. Et étonnamment, en faisant cela, on met sa douleur et sa maladie de côté, on oublie et on compatit. Le cœur prend le pas sur le cerveau.

La suite dans mon prochain article : Cette vilaine peur.

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