Découverte de la vue de ma chambre à l'hopital léon berard de hyeres suite à mon accident de cryotherapie

Une page se tourne et une autre s’écrit. Me voici greffé sous les 2 pieds. Ce qui devait être fait d’un point de vue chirurgical a été fait. Il en reste beaucoup à faire mais il est encore trop tôt, les plaies doivent d’abord cicatriser et je dois surtout réapprendre à marcher.

C’est ainsi que, le 04 juillet 2017, pendant que des millions d’américains font la fête, je fais mes adieux au personnel de l’hôpital de la conception de Marseille que je ne remercierai jamais assez pour la qualité des soins, du service et pour leur empathie. 😉

On me met dans l’ambulance, direction Hyères, la ville aux palmiers. Il y a pire comme ville pour attaquer une rééducation. Je suis admis à l’hôpital Léon Bérard dans le service de rééducation des grand brûlés du Docteur Queruel. J’ai une chambre single, ouf.

Hors de question de reprendre la télé, j’ai donné à la Conception. Je vais rester un petit bout de temps ici, je prends uniquement le Wifi, mon ordinateur me suffit.

1er pansement

J’arrive un après-midi et normalement, les pansements ne se font que le matin. Mais les docteurs présents veulent savoir à quoi s’attendre avec mon pied, il faut étudier mon cas avant de proposer les soins adaptés tant au niveau des pansements qu’au niveau de la rééducation pure avec la kiné.

Je passe donc en salle de pansement, et c’est la première fois où l’on me fait volontairement saigner les plaies.

Pour que mes trous cicatrisent, il faut recréer des bourgeons en faisant saigner les plaies. N’oublions pas que la plaie ne peut pas se régénérer par le dessous puisqu’il n’y a plus de chair à ces endroits. Les infirmières enlèvent donc les croutes sur les côtés avec une curette (Non, ce n’est pas la femelle du curé, c’est l’outil médical adapté à ce type de nettoyage). Le processus va être long, il faut le faire tous les 2 jours dans un premier temps.

Je ne sais pas vous dire si j’ai eu mal à ce pansement là. J’en ai subi tellement que je ne m’en souviens plus. Je crois que non, parce qu’à cette période, j’avais été placé sous tramadol.

Nouvel hôpital, nouvelles habitudes

A l’étage où je suis alité, le personnel est encore exceptionnel. Les agents d’entretien, les aides soignant(e)s et les infirmières sont au top. Certains ont énormément d’humour. Je ne sais pas si leurs conditions de travail sont bonnes mais c’est l’impression qu’ils donnent.

Dans les 1ers jours, une nutritionniste passe me voir afin d’établir, en adéquation avec mes goûts, des menus pour les semaines à venir. Service grand luxe !

Petit hic ! Les chambres ne sont pas climatisées, on est en plein mois de juillet. L’été sera chaud, je vais transpirer à grosses gouttes.

Ma première fois.

Tiens, en parlant de grosses gouttes, il me revient à l’esprit que c’est à Léon Bérard de Hyères que j’ai pris ma première douche en position allongée. Effectivement, à mon arrivée, je ne marche pas et je n’ai pas encore d’appui, je suis en fauteuil roulant. Je ne peux donc pas prendre de douche debout.

Alors, quand c’est mon tour, on m’appelle en salle douche et je me transfère sur un brancard adapté. En effet, la force exceptionnelle dégagée par mes bras (laissez-moi rêver) me permet de me transférer seul d’un fauteuil à un autre. J’aurais même pu le faire en faisant l’équerre (je rêve toujours…). 😆

Bref, une fois installé sur le brancard, je suis lavé et préparé pour le pansement. On m’enlève mes anciens pansements et on nettoie les plaies avec des compresses gorgées de produit adapté.

Quand ils l’ont fait pour la 1ère fois, j’ai eu une grosse boule d’angoisse. En fait, je ne m’y attendais pas du tout. C’était la première fois depuis 75 jours que l’on nettoyait mes pieds sans que je sois sous anesthésie. J’ai eu vraiment peur de ressentir une douleur immense. L’effet a été bizarre, j’ai eu mal mais sans plus, j’ai surtout compris que certaines zones n’étaient plus sensibles, que certaines parties de mes pieds étaient comme mortes…

En ce qui concerne le reste du corps, j’ai eu la chance de pouvoir me laver moi-même. La sensation de propre qui s’en est dégagée a regonflé le moral. Je comprends désormais les participants de Koh Lanta au sortir de la douche après un mois sans se laver. Je ne sais pas ce qui me retient de m’inscrire à la prochaine émission (mes pieds, peut-être).

Journal intime. Date 03.12.2019

16ème jour d’immobilisation sans avoir la possibilité de poser le pied droit au sol. C’est compliqué. La douleur est présente mais pas gênante. Ce n’est pas le fait qu’elle ne soit pas forte mais je la mets de côté. La seule qui soit vraiment gênante, c’est la douleur neuropathique : Le pic de douleur provoqué par une transmission d’information des nerfs endommagés au cerveau et analysé par celui-ci comme étant une douleur. Celle-ci surprend, je ne la vois pas venir. Coquine, va ! Le plus compliqué, au delà de la douleur, c’est de ne pas avoir peur de l’avenir (boulot, mobilité, argent, capacités physiques,…). L’immobilisation et la solitude amènent à la réflexion. Je rejoins la quête de Gilbert Bécaud en me posant la même question mais pas pour la même raison que lui : Et maintenant, que vais-je faire ? De tout ce temps que sera ma vie.

C’est donc les fesses propres et le cœur gaillard que j’attaque ce nouveau périple. Il faudra prendre son mal en patience, je ne le sais pas encore mais je ne sortirai que le 07 octobre soit plus de 3 mois après. Ma cicatrisation devait se faire sur un mois, à ce jour, la plaie du talon n’est pas complètement fermée, à savoir plus de 30 mois après l’accident.

La suite dans le prochain article : Découverte de la rééducation