Il me semble m’être arrêté au retour de la séance de kiné du matin lors de mon précédent article. Pour rappel : levé 07h30, piqûre, petit déjeuner, douche, soins, kiné. En général, la matinée passe très vite et quand je retourne en chambre, mon repas arrive dans la foulée.

Des repas bons et équilibrés, rien à dire de ce côté-là. J’ai connu pire.

Une fois le plateau débarrassé, le temps s’allonge, l’activité laisse place au silence. Les secondes s’égrènent lentement et on attend, on attend, on attend…

On attend que la journée se termine et que la matinée redémarre afin de retrouver de la vie, du bruit, du contact humain.

Évidemment, il y a la séance de kiné de l’après-midi, mais elle se résume à une séance de sport auto-gérée. D’ailleurs, elle n’est pas obligatoire, certains s’en passent royalement et préfèrent vaquer à leurs occupations.

Au début, avec une mobilité réduite et difficile voire douloureuse, je me contente de ces moments « obligatoires » sans chercher à en faire plus. Mon accident m’ouvre la porte des livres, je découvre Netflix, je commence la méditation allongée, la position assise étant encore impossible.

La méditation

J’ai découvert la méditation, de ce que je peux me souvenir, en rééducation. L’idée m’a été apportée par Olivier, un ami du Sud.

La méditation ? Tiens donc, je sais déjà que je n’y connais pas grand chose. Ma vie d’avant ne me laissait pas le temps d’entrevoir ce genre de pratique. Je croyais que je n’avais pas le temps ou que j’allais le perdre.

Alors, j’ai commencé à m’y intéresser. J’ai lu des articles sur la toile et je me suis abonné à Namatata, une application qui permet la pratique de la méditation guidée. Hors de question pour moi, à l’hôpital de faire sans cette application, je ne savais ni comment faire ni par où commencer.

Je vous avoue que pour commencer la méditation, les médicaments m’ont beaucoup aidé. 😆

Il était assez simple pour moi de fermer les yeux et de me balader dans mon corps à la façon « L’aventure intérieure » (Les vieux fans du petit écran me comprendront).

Là où il a fallu du temps, c’est quand il a fallu être à l’écoute de mes gênes, de mes douleurs, de mon corps. Comprendre qu’à chaque douleur ou gêne qui apparait il peut y avoir une émotion non gérée en amont.

Que ressentez-vous physiquement quand vous avez peur ? Une boule au ventre ? Que se passe-t-il dans votre organisme quand vous êtes en colère ? D’où viennent les expressions « avoir la boule au ventre », « se prendre la tête » ? Sont-ce des sensations influencées par ces expressions ou sont-elles devenues des expressions à cause des sensations ressenties par tous ?

A vous de vous faire un avis, le mien est déjà tranché. En ce qui me concerne, aidé par la méditation, j’ai réussi à analyser des sensations physiques désagréables voire des douleurs, à en trouver les causes et à les faire disparaitre.

La plupart d’ailleurs, venaient de ma propre vision des choses, de ma façon de les analyser, de les interpréter. Elles n’étaient bien souvent pas le reflet de la réalité.

Exemple : Je n’ai pas de message depuis quelques jours d’un ami, mon imaginaire prend le dessus (souvent conduit par le petit diable) et je m’imagine qu’il se moque de ma situation, je me mets en colère, une boule d’énergie négative se forme au niveau du cœur. La méditation m’aide à sentir cette boule, j’en cherche les causes possibles et la boule disparait quand je trouve la racine du mal. J’apprends ultérieurement que mon ami a, en fait, cassé son portable et qu’il ne pouvait pas me joindre. Dans cet exemple, sans méditation, quand j’apprends l’histoire du téléphone cassé, la boule s’en va d’elle-même. Mais la solution ne s’offre pas forcément à nous à chaque fois et il faut chercher. (Aucun portable n’a été maltraité pendant la rédaction de cet exemple. Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite. Ou presque 😈 )

Bref la méditation, c’est canon, c’est bon. Il faut que je m’y remette de façon plus assidue.

Extrait de mon journal intime. Date 21.08.2017

Cette semaine, il m’a été demandé de marcher sur les 2 pieds. Les trous sur le pied droit ne sont pas tous résorbés même si c’est en bonne voie, mais je n’ai pas le choix. Mes doigts de pieds commencent à se rétracter, ils deviennent durs et douloureux. Il faut les remettre en action pour éviter un problème supplémentaire dans le futur.
Je remarche donc sur mes deux pieds, aidé de mes béquilles, et la douleur est revenue de façon intense. Je passe d’une station assise en fauteuil roulant à une station debout sur les 2 pieds greffés. Je ne pensais pas que ce serait aussi douloureux. Je me force à marcher pour m’habituer à cette douleur mais mes plaies saignent, je suis obligé de faire renforcer mes pansements. Je ne veux pas parler de cette douleur aux infirmières car je ne souhaite pas avoir plus d’antidouleurs, je souhaite savoir quand la douleur partira de façon naturelle.
Ça a un côté grisant de remarcher sur ses 2 pieds, même si l’on se sent ridicule avec des béquilles. J’ai une sensation bizarre : je ne suis pas encore redevenu un homme. C’est sûrement dû aux béquilles, ça a chez moi un côté réducteur. Il faut que je travaille plus, que je marche plus, si je veux pouvoir me passer d’elles.

La balade, la lecture, la vie

Quand l’ennui commence à se faire sentir dans la chambre. Je pars en vadrouille, en fauteuil roulant dans le couloir. Et là, c’est le drame. Je suis limité à 80 m de couloir et j’imagine que je dois passer pour un taré à circuler dans le couloir devant le personnel médical qui doit en voir passer beaucoup des comme moi.

Comme je l’ai dit dans un précédent article, il n’est pas possible pour un handicapé en fauteuil de sortir de l’hôpital seul, les voies d’accès sont trop en pente. C’est suicidaire.

Au bout d’un temps relativement court, après quelques tentatives de blagues avec les infirmières de garde, je rentre dans ma chambre pour ne pas qu’elles puissent se douter de ma déficience mentale. 😀

Je me prends une boisson dans mon frigo (on a tous un petit frigo dans la chambre) que ma femme remplit quand elle vient et je vais sur la terrasse qui a le mérite d’être immense et orientée Sud. Mes pieds sont protégés jusqu’aux genoux, ma cuisse gauche est sous un manchon de compression, le bronzage promet d’être drôle. Je bois tranquillement au soleil en lisant un bouquin. Le bonheur n’est jamais loin.

C’est vrai que j’ai tendance à parler des évènements douloureux, tragiques qui ont suivi mon accident de cryothérapie mais j’ai connu aussi, même dans cette situation, des moments de bonheur.

Je crois que ce sera l’objet de mon prochain article : De la joie en rééducation.

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