Après la douleur, la chose la plus compliquée à gérer pour moi à l’hôpital, ça a été la solitude. J’ai bien sûr reçu de la visite de beaucoup de personnes et ça m’a fait énormément plaisir, mais je parle de cette solitude là, celle qui s’immisce quand les gens vous quittent. Celle qui vous prend aux tripes quand le service de jour laisse place au service de nuit. Quand après l’agitation vient le calme.
Aussi bizarre que cela puisse paraitre, on redevient vite seul après une visite. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser à cette liberté, cette chance qu’avaient les amis qui quittaient ma chambre pour rejoindre leur vie, la chance qu’avait le personnel soignant de pouvoir rentrer chez lui.
La solitude nous amène à réfléchir sur notre situation…
Le matin sonnait la fin de cette solitude, la fin d’une nuit souvent agitée.
En parlant de nuit agitée…
J’avais la chance, si tant est que l’on puisse parler de chance, d’être dans une aile de l’hôpital de la Conception complètement neuve. Je commençais à prendre mes marques avec le personnel soignant du service. J’étais plutôt à l’aise. Sauf qu’un soir…
Un soir, vers 23h00, on m’a mis dehors, il fallait libérer la chambre. Dans ce service, priorité aux cas les plus graves, et ce soir là, un cas plus grave que le mien est arrivé et j’ai été envoyé dans un autre service de l’hôpital au 6ème étage, dans un service beaucoup moins neuf que celui que je quittais.
On me sortait de ma zone de confort, il faisait nuit, j’étais seul, j’ai pleuré…
Quand on est abimé, on se raccroche à tout pour ne pas sombrer. Le moindre petit détail a son importance et on prend vite ses marques. Il aide le mental à tenir bon et il arrive que, quand ces petits détails disparaissent, le mental flanche. Et la douleur reprend le dessus.
Le lendemain, tout allait bien. Ou presque…
C’est la peur qui m’a fait flancher, la peur de l’inconnu. Où est-ce que j’étais arrivé ? Qui allait s’occuper de moi ? J’étais certain de la gentillesse du personnel médical aux grands brûlés, ceux du 6ème Nord allaient-ils être aussi compétents et prévenants ?
La réponse est venue assez vite avec le personnel du matin. J’ai été bien accueilli, réconforté, soigné comme si j’avais été présent entre ces murs depuis longtemps.
La peur, vilaine émotion, qui a la sale habitude de se faire passer pour votre instinct et qui vous guide, à tort dans la mauvaise direction.
Bref, changement d’ambiance et de hauteur, mais toujours la même douceur dans les gestes des infirmières et des aides soignantes, toujours le même sourire et la même empathie des agents des services hospitaliers.
La seule problématique : Je suis passé d’une chambre individuelle à une chambre double. Et quand vous tombez sur quelqu’un qui vous demande si ça ne vous dérange pas si il fume à la fenêtre, je vous laisse imaginer la scène…
Une semaine après, j’étais de nouveau en chambre simple. Ouf 😆
Ma rencontre avec un autre ange
Je ne suis plus capable aujourd’hui de dire à quelle date exactement j’ai été mis en contact avec Nathalie. Cela n’a pas beaucoup d’importance, l’importance réside dans la rencontre et ce qu’elle m’a apporté.
Le monde est petit, je le prouve dans la phrase qui suit, soyez attentifs : Mes parents qui vivent encore dans le Nord de la France parlent de mon accident à un de leurs couples d’amis. Ce couple d’amis raconte à son tour mon histoire, au téléphone, à leur fille qui est partie vivre sur Marseille. Pendant qu’ils l’appellent, elle est en train de recevoir des amis dont l’enfant s’est brûlé gravement quelques mois auparavant. Face à la douleur, ces parents font appel à une coupeuse de feu qui éteint la douleur de leur fils instantanément. Ils proposent donc à leur hôte de me transmettre ses coordonnées en remontant la chaine en sens inverse. Ce qui fut fait.
C’est ainsi que j’ai rencontré Nathalie.
Nathalie est donc, vous l’aurez compris, coupeuse de feu. Et ses capacités en la matière sont très développées. Elle arrivait à éteindre mes douleurs à distance, par téléphone. Et pour ce faire, je l’appelais quotidiennement.
Vous n’imaginez pas à quel point c’est impressionnant, la douleur disparait à une vitesse !!! Aucun médicament n’a été aussi rapide et n’a eu ce résultat sur moi.
Il y avait dans ces coups de fil, la partie charme durant laquelle elle était concentrée sur la gestion de ma douleur et la partie psychologie car elle était toujours attentive à mes histoires. Elle ne se contentait pas de me soigner les pieds, elle me soignait aussi la tête.
Si un jour tu lis ceci Nathalie, je t’envoie un énorme merci car tu m’as beaucoup aidé. 😉
Mon accident m’a permis de rencontrer des personnes hors du commun, des personnes avec des dons. Il m’a ouvert l’esprit, développé mon champs des possibles. Mon rapport avec certaines choses ont changé. Et tant mieux…
La suite dans mon prochain article : Mon rapport aux choses.