Nouvel hôpital, nouveau planning. On m’a attribué un fauteuil roulant, je peux enfin me déplacer à ma guise au sein même de l’hôpital. Hors de question de sortir seul toutefois (à l’extérieur de l’hôpital), non pas parce que je n’y suis pas autorisé, mais parce que les chemins d’accès sont très pentus et que c’est, pour l’instant, physiquement impossible.
Mon matin (Qui a dit qu’un matin, ça ne sert à rien?)
Le réveil de l’escadron se fait à 07h30, bien loin des 05h30 quand ‘étais à l’armée et des 04h45 quand je travaillais sur Aix. Autant dire, que le plus souvent, j’étais réveillé bien avant.
La première personne à rentrer dans ma chambre était souvent une infirmière pour me faire une piqûre d’Arixtra, anticoagulant injectable afin d’éviter les accidents thromboemboliques veineux (formation d’un caillot dans la circulation sanguine). 4 infirmières m’ont fortement marqué, j’en reparlerai sûrement dans un futur article.
Ensuite, venait le petit déjeuner, léger mais bon. Rien à voir avec les repas servis à l’hôpital de la Conception à Marseille…
Certains matins, on venait me peser (1 fois par semaine). Ceux qui comme moi, avait besoin d’aide pour se laver, attendaient sagement leur tour pour être emmenés à la douche. Une fois la douche prise, on me donnait un Tramadol (anti-douleur) à effet immédiat et j’attendais qu’on m’appelle en pansements.
Une fois en pansement, rebelote, un coup de curette par-ci, un coup de curette par-là. On fait saigner les plaies, on nettoie, on refait le pansement, on me met des bandes de compression pour que le sang remonte et zou, on me libère pour la kiné. (Quand je dis on, je parle bien-sûr des infirmières et de leurs mains en or)
Séances de kinésithérapie
Armé de mon nouveau bolide à 4 roues, mon pansement étant refait, je peux me rendre au sous sol, étage auquel sont installés les kinésithérapeutes et ergothérapeutes. Je vais faire connaissance avec Joanna, une jeune kiné qui vient de Pologne.
Je dois faire 2 séances par jour dans un premier temps. Une première séance le matin en autonomie sur les machines de musculation que je peux utiliser (sans appui avec les pieds). Le choix est assez limité, ma préférence ira régulièrement vers le vélo à mains qui permet de rester assis dans mon fauteuil.
La deuxième séance, l’après-midi, est gérée par la kiné. Elle fait du drainage lymphatique en massant délicatement afin de réduire les œdèmes que j’ai aux pieds. Il paraitrait même que ce type de massage améliore la circulation sanguine et favorise la cicatrisation. Elle manipule également mes chevilles afin de faire retravailler les tendons qui ont été à l’arrêt pendant un certain temps.
Journal intime : 10.08.2017, Le 1er jour où je me suis mis à écrire.
C’est un jour sans, un jour où l’on se lève et pendant lequel on ne souhaite pas communiquer. Le moral dans les chaussettes, envie de pleurer, se retrouver face à un constat : Ma vie a changé. C’est à ce moment où j’ai choisi de me soigner en écrivant et aussi pour ne pas oublier. Voilà 108 jours que c’est arrivé et je suis toujours à l’hôpital. 108 jours depuis que j’ai décidé de faire une cryothérapie. Et forcément, ça s’est mal passé. Cela risque d’être d’une banalité sans nom, mais il est vrai que la vie peut basculer très vite. Il aura fallu 3 minutes, 3 minutes durant lesquelles, une erreur humaine, une défaillance de la machine ou une combinaison des deux, m’auront amenées à rester les deux pieds baignés dans l’azote liquide. Deux minutes pour transformer mes pieds en escalopes de poulet congelées malgré mes appels à arrêter la séance et autant de réponses négatives me certifiant que la sensation de brûlure était normale. En sortant de la machine, la chaleur extérieure a réchauffé mes pieds et s’en est suivi une douleur jamais ressentie, que je ne veux plus jamais ressentir, elle est désormais en moi, comme une gêne dans mon torse, comme une boule d’énergie négative qui ne veut plus partir : J’étais brûlé au 3ème degré sur la totalité de mes deux plantes de pieds.
Je ne pose encore aucun pied au sol, mais demain est un autre jour, je vais essayer de reposer le gauche (celui qui est cicatrisé). Le droit, n’en parlons pas, à ce jour, il n’a toujours pas retouché le sol sans chaussure.
La suite dans mon prochain article : Tous égaux face à la douleur.