Auteur/autrice : Vincent

  • Découverte de la rééducation (ép. 11)

    Découverte de la rééducation (ép. 11)

    Nouvel hôpital, nouveau planning. On m’a attribué un fauteuil roulant, je peux enfin me déplacer à ma guise au sein même de l’hôpital. Hors de question de sortir seul toutefois (à l’extérieur de l’hôpital), non pas parce que je n’y suis pas autorisé, mais parce que les chemins d’accès sont très pentus et que c’est, pour l’instant, physiquement impossible.

    Mon matin (Qui a dit qu’un matin, ça ne sert à rien?)

    Le réveil de l’escadron se fait à 07h30, bien loin des 05h30 quand ‘étais à l’armée et des 04h45 quand je travaillais sur Aix. Autant dire, que le plus souvent, j’étais réveillé bien avant.

    La première personne à rentrer dans ma chambre était souvent une infirmière pour me faire une piqûre d’Arixtra, anticoagulant injectable afin d’éviter les accidents thromboemboliques veineux (formation d’un caillot dans la circulation sanguine). 4 infirmières m’ont fortement marqué, j’en reparlerai sûrement dans un futur article.

    Ensuite, venait le petit déjeuner, léger mais bon. Rien à voir avec les repas servis à l’hôpital de la Conception à Marseille…

    Certains matins, on venait me peser (1 fois par semaine). Ceux qui comme moi, avait besoin d’aide pour se laver, attendaient sagement leur tour pour être emmenés à la douche. Une fois la douche prise, on me donnait un Tramadol (anti-douleur) à effet immédiat et j’attendais qu’on m’appelle en pansements.

    Une fois en pansement, rebelote, un coup de curette par-ci, un coup de curette par-là. On fait saigner les plaies, on nettoie, on refait le pansement, on me met des bandes de compression pour que le sang remonte et zou, on me libère pour la kiné. (Quand je dis on, je parle bien-sûr des infirmières et de leurs mains en or)

    Mes pieds nus avant le rituel du pansement. On peut constater qu’ils sont légèrement gonflés. Il y a des œdèmes qu’il va falloir résorber. Si je reste comme ça, je risque de me faire manger les doigts de pied par un amateur de saucisses Knacki. Sur la jambe gauche, j’ai un vêtement de compression. C’est la jambe où l’on a prélevé la peau.

    Séances de kinésithérapie

    Armé de mon nouveau bolide à 4 roues, mon pansement étant refait, je peux me rendre au sous sol, étage auquel sont installés les kinésithérapeutes et ergothérapeutes. Je vais faire connaissance avec Joanna, une jeune kiné qui vient de Pologne.

    Je dois faire 2 séances par jour dans un premier temps. Une première séance le matin en autonomie sur les machines de musculation que je peux utiliser (sans appui avec les pieds). Le choix est assez limité, ma préférence ira régulièrement vers le vélo à mains qui permet de rester assis dans mon fauteuil.

    La deuxième séance, l’après-midi, est gérée par la kiné. Elle fait du drainage lymphatique en massant délicatement afin de réduire les œdèmes que j’ai aux pieds. Il paraitrait même que ce type de massage améliore la circulation sanguine et favorise la cicatrisation. Elle manipule également mes chevilles afin de faire retravailler les tendons qui ont été à l’arrêt pendant un certain temps.

    Journal intime : 10.08.2017, Le 1er jour où je me suis mis à écrire.

    C’est un jour sans, un jour où l’on se lève et pendant lequel on ne souhaite pas communiquer. Le moral dans les chaussettes, envie de pleurer, se retrouver face à un constat : Ma vie a changé. C’est à ce moment où j’ai choisi de me soigner en écrivant et aussi pour ne pas oublier. Voilà 108 jours que c’est arrivé et je suis toujours à l’hôpital. 108 jours depuis que j’ai décidé de faire une cryothérapie. Et forcément, ça s’est mal passé. Cela risque d’être d’une banalité sans nom, mais il est vrai que la vie peut basculer très vite. Il aura fallu 3 minutes, 3 minutes durant lesquelles, une erreur humaine, une défaillance de la machine ou une combinaison des deux, m’auront amenées à rester les deux pieds baignés dans l’azote liquide. Deux minutes pour transformer mes pieds en escalopes de poulet congelées malgré mes appels à arrêter la séance et autant de réponses négatives me certifiant que la sensation de brûlure était normale. En sortant de la machine, la chaleur extérieure a réchauffé mes pieds et s’en est suivi une douleur jamais ressentie, que je ne veux plus jamais ressentir, elle est désormais en moi, comme une gêne dans mon torse, comme une boule d’énergie négative qui ne veut plus partir : J’étais brûlé au 3ème degré sur la totalité de mes deux plantes de pieds.

    Je ne pose encore aucun pied au sol, mais demain est un autre jour, je vais essayer de reposer le gauche (celui qui est cicatrisé). Le droit, n’en parlons pas, à ce jour, il n’a toujours pas retouché le sol sans chaussure.

    La suite dans mon prochain article : Tous égaux face à la douleur.

  • Demain de Guillaume Musso

    Demain de Guillaume Musso

    Guillaume Musso est toujours agréable à lire. Fermé son bouquin pour passer à autre chose génère chez moi un petit pincement au cœur. Dans « Demain », je me suis dit au bout de quelques pages : « C’est bon, je connais la fin, on ne me la fait pas à moi ! ». Bah oui, mais non, je me suis bien planté (encore une fois). 😆

    Où ?

    L’histoire se déroule entre Boston et New York dans l’état de New York.

    Quand ?

    L’histoire est contemporaine. Une partie se déroule en 2010 et l’autre en 2011 et des fois 2010 et 2011 se passent en même temps. Vous êtes perdus ? C’est normal.

    Qui ?

    • Matthew, jeune veuf Bostonien, prof de philo reconnu et papa d’une petite fille de 4 ans.
    • Emma, célibataire endurcie de 32 ans qui vit et travaille à New York comme sommelière.

    L’histoire :

    Matthew, jeune prof de philo, est veuf depuis un an maintenant. Son épouse s’est tuée dans un accident de voiture à la veille de Noël en 2010.

    Un jour, il trouve un ordinateur dans une brocante sur lequel il reste certaines photos que Matthew propose de rendre à son ancienne propriétaire. Il lui envoie un mail. Fait étrange, la personne avec qui il va rentrer en relation, qui n’est autre qu’Emma, lui certifie ne pas avoir vendu son ordinateur et qu’elle l’a toujours en sa possession.

    De cet échange de mails, va naître une irrépressible envie de se rencontrer. Ils vont donc se donner rendez-vous dans un restaurant. Ils vont y aller tous les 2 mais ne se croiseront jamais.

    Partant de cet imbroglio, ils vont se rendre compte qu’ils communiquent avec le même ordinateur mais à une année d’intervalle. Emma vit en 2010, Matthew en 2011. Je vous laisse imaginer la suite…

    Bonne lecture.



  • L’hôpital Léon Bérard de Hyères (ép. 10)

    L’hôpital Léon Bérard de Hyères (ép. 10)

    Une page se tourne et une autre s’écrit. Me voici greffé sous les 2 pieds. Ce qui devait être fait d’un point de vue chirurgical a été fait. Il en reste beaucoup à faire mais il est encore trop tôt, les plaies doivent d’abord cicatriser et je dois surtout réapprendre à marcher.

    C’est ainsi que, le 04 juillet 2017, pendant que des millions d’américains font la fête, je fais mes adieux au personnel de l’hôpital de la conception de Marseille que je ne remercierai jamais assez pour la qualité des soins, du service et pour leur empathie. 😉

    On me met dans l’ambulance, direction Hyères, la ville aux palmiers. Il y a pire comme ville pour attaquer une rééducation. Je suis admis à l’hôpital Léon Bérard dans le service de rééducation des grand brûlés du Docteur Queruel. J’ai une chambre single, ouf.

    Hors de question de reprendre la télé, j’ai donné à la Conception. Je vais rester un petit bout de temps ici, je prends uniquement le Wifi, mon ordinateur me suffit.

    1er pansement

    J’arrive un après-midi et normalement, les pansements ne se font que le matin. Mais les docteurs présents veulent savoir à quoi s’attendre avec mon pied, il faut étudier mon cas avant de proposer les soins adaptés tant au niveau des pansements qu’au niveau de la rééducation pure avec la kiné.

    Je passe donc en salle de pansement, et c’est la première fois où l’on me fait volontairement saigner les plaies.

    Pour que mes trous cicatrisent, il faut recréer des bourgeons en faisant saigner les plaies. N’oublions pas que la plaie ne peut pas se régénérer par le dessous puisqu’il n’y a plus de chair à ces endroits. Les infirmières enlèvent donc les croutes sur les côtés avec une curette (Non, ce n’est pas la femelle du curé, c’est l’outil médical adapté à ce type de nettoyage). Le processus va être long, il faut le faire tous les 2 jours dans un premier temps.

    Je ne sais pas vous dire si j’ai eu mal à ce pansement là. J’en ai subi tellement que je ne m’en souviens plus. Je crois que non, parce qu’à cette période, j’avais été placé sous tramadol.

    Nouvel hôpital, nouvelles habitudes

    A l’étage où je suis alité, le personnel est encore exceptionnel. Les agents d’entretien, les aides soignant(e)s et les infirmières sont au top. Certains ont énormément d’humour. Je ne sais pas si leurs conditions de travail sont bonnes mais c’est l’impression qu’ils donnent.

    Dans les 1ers jours, une nutritionniste passe me voir afin d’établir, en adéquation avec mes goûts, des menus pour les semaines à venir. Service grand luxe !

    Petit hic ! Les chambres ne sont pas climatisées, on est en plein mois de juillet. L’été sera chaud, je vais transpirer à grosses gouttes.

    Ma première fois.

    Tiens, en parlant de grosses gouttes, il me revient à l’esprit que c’est à Léon Bérard de Hyères que j’ai pris ma première douche en position allongée. Effectivement, à mon arrivée, je ne marche pas et je n’ai pas encore d’appui, je suis en fauteuil roulant. Je ne peux donc pas prendre de douche debout.

    Alors, quand c’est mon tour, on m’appelle en salle douche et je me transfère sur un brancard adapté. En effet, la force exceptionnelle dégagée par mes bras (laissez-moi rêver) me permet de me transférer seul d’un fauteuil à un autre. J’aurais même pu le faire en faisant l’équerre (je rêve toujours…). 😆

    Bref, une fois installé sur le brancard, je suis lavé et préparé pour le pansement. On m’enlève mes anciens pansements et on nettoie les plaies avec des compresses gorgées de produit adapté.

    Quand ils l’ont fait pour la 1ère fois, j’ai eu une grosse boule d’angoisse. En fait, je ne m’y attendais pas du tout. C’était la première fois depuis 75 jours que l’on nettoyait mes pieds sans que je sois sous anesthésie. J’ai eu vraiment peur de ressentir une douleur immense. L’effet a été bizarre, j’ai eu mal mais sans plus, j’ai surtout compris que certaines zones n’étaient plus sensibles, que certaines parties de mes pieds étaient comme mortes…

    En ce qui concerne le reste du corps, j’ai eu la chance de pouvoir me laver moi-même. La sensation de propre qui s’en est dégagée a regonflé le moral. Je comprends désormais les participants de Koh Lanta au sortir de la douche après un mois sans se laver. Je ne sais pas ce qui me retient de m’inscrire à la prochaine émission (mes pieds, peut-être).

    Journal intime. Date 03.12.2019

    16ème jour d’immobilisation sans avoir la possibilité de poser le pied droit au sol. C’est compliqué. La douleur est présente mais pas gênante. Ce n’est pas le fait qu’elle ne soit pas forte mais je la mets de côté. La seule qui soit vraiment gênante, c’est la douleur neuropathique : Le pic de douleur provoqué par une transmission d’information des nerfs endommagés au cerveau et analysé par celui-ci comme étant une douleur. Celle-ci surprend, je ne la vois pas venir. Coquine, va ! Le plus compliqué, au delà de la douleur, c’est de ne pas avoir peur de l’avenir (boulot, mobilité, argent, capacités physiques,…). L’immobilisation et la solitude amènent à la réflexion. Je rejoins la quête de Gilbert Bécaud en me posant la même question mais pas pour la même raison que lui : Et maintenant, que vais-je faire ? De tout ce temps que sera ma vie.

    C’est donc les fesses propres et le cœur gaillard que j’attaque ce nouveau périple. Il faudra prendre son mal en patience, je ne le sais pas encore mais je ne sortirai que le 07 octobre soit plus de 3 mois après. Ma cicatrisation devait se faire sur un mois, à ce jour, la plaie du talon n’est pas complètement fermée, à savoir plus de 30 mois après l’accident.

    La suite dans le prochain article : Découverte de la rééducation

  • M le bord de l’abîme de Bernard Minier

    M le bord de l’abîme de Bernard Minier

    Et hop, un nouveau Polar. Bernard Minier fait partie de mon paysage littéraire incontournable quand il s’agit d’énigmes policières. Il signe ici un roman de plus de 550 pages qui se lit très facilement

    Où ?

    L’histoire se déroule à Hong Kong, un Hong Kong noir, pollué et corrompu séparé en 2 parties : Les très riches et les très pauvres.

    Quand ?

    L’histoire est contemporaine mais on baigne dans un futur technologique qui d’après certains spécialistes du genre ne serait si éloigné que cela.

    Qui ?

    • Moïra, une jeune française, héroïne de l’histoire.
    • Ming, grand patron Hongkongais d’une entreprise du numérique
    • Julius, fils de Ming
    • Lester, Ignacio, Wang Wu, Tove, … : Les collègues d’origines différentes avec qui personnellement je ne souhaiterais pas travailler.
    • Chan, le bon flic

    L’histoire :

    Moïra, jeune Française reconnue par ses pairs dans le milieu du numérique, est embauché par le géant Hongkongais du moment : L’empire Ming. Moïra est le fruit de l’union d’une mère qui a vite basculée dans la folie et d’un père inconnu. Son enfance et la folie de sa mère la suivent tout au long du bouquin.

    A peine arrivée sur le sol Hongkongais, elle est prise à partie par 2 policiers d’un organisme anti-corruption qui la mettent en garde sur la société dans laquelle elle est censée travailler. Ça met en confiance…

    Professionnellement, elle fait partie d’un projet de développement ultra secret et sécurisé : DEUS. DEUS est un chat-bot hyper abouti qui doit devenir le conseiller personnel de tout à chacun dans un futur proche. Imaginez Alexia ou Google home avec une voix normale et naturelle, capables de discuter avec vous de tout, capables de vous guider dans vos choix, parce qu’ils connaissent tout de vous et tout sur tout. Imaginez un ami virtuel qui ne rit jamais de vous, ne dort jamais, toujours disponible et qui ne vous envoie jamais sur les roses.

    Bien-sûr, cela ne se fera pas sans heurts. Les collègues sont bizarres, des airs de conspirations et de secrets flottent dans l’air et, cerise sur le gâteau, un assassin fou et atroce tue les jeunes salariées du groupe.

    On ne ressort pas de ce bouquin sans se poser énormément de questions sur les bienfaits du progrès numérique.

    Bonne lecture.

  • La greffe (ép. 9)

    La greffe (ép. 9)

    Âmes sensibles s’abstenir ! Dans cet article vous verrez la photo de mon pied après la greffe. Ça n’est sûrement pas la pire mais je pense que si vous êtes sensibles, il vaut mieux s’abstenir. Ou alors il faut regarder en se disant que l’image est truquée, comme au cinéma. A vous de voir… 😈

    Journal Intime. Date : 26.11.2019

    Hier je me suis fait enlever mon pansement. Mon rendez-vous était fixé à 11h30 et je n’ai pu rencontrer ma chirurgienne que vers 14h20. Les aléas de la vie quand votre chirurgienne doit jongler entre les urgences et le bloc opératoire. J’avais prévu de prendre un bouquin, bien m’en a pris. Le point positif, c’est que mes cicatrices au niveau du ventre étant belles, Laura a pu enlever mes fils. Par contre, ma chirurgienne, une fois arrivée, m’a expliqué que l’injection de graisse dans le pied avait été très compliquée. La place au niveau des adhérences de peau étant minime, elle a du pas mal batailler pour essayer d’en faire. Elle était donc étonnée que je n’ai pas plus mal que ça. Sauf que cette nuit, la douleur s’est réveillée… Je crois que le fait d’enlever la compression du pansement autour de l’œdème a lancé la douleur. J’ai donc passé une nuit de folie. J’espère que la douleur qui s’est réveillée ne durera pas trop longtemps.

    Je ne vais pas raconter ma dizaine d’opérations qui ont servi à m’enlever les chairs nécrosées, elles se ressemblent toutes et il me semble en avoir déjà raconter une. Par contre, quand le délai de 45 jours est passé (délai de progression de la brûlure par le froid chimique), il était temps de procéder à la greffe (pas celle des cheminots) pour éviter d’avoir les os et tendons à l’air. Un homme sans peau meurt car il est exposé à toutes les infections.

    1ère greffe : Le derme artificiel

    Dans mon cas, la brûlure profonde a détruit le derme (couche sous l’épiderme), il faut donc le remplacer. On ne prélève pas le derme directement sur moi, on greffe un derme artificiel.
    Ce derme est composé de silicone et de tissus d’origine animale (recherche internet, on ne me l’a pas dit). Il est fixé à l’aide d’agrafes comme vous pouvez le constater sur la photo ci-dessous.

    Greffe de derme artificiel suite à grave brûlure causée par un accident de cryothérapie
    Voilà mon pied gauche suite à la pose du derme artificiel. Quand on regarde bien, on voit Raymond Bidochon…

    Est-ce que quelqu’un s’est senti mal ? Non ? Je m’en doutais un peu, vous êtes tous des guerriers.

    Suite à la pose de ce derme sous les 2 pieds, j’ai attrapé un staphylocoque doré. Cette chère bactérie qui vit sur notre peau et qui s’immisce quand la barrière cutanée est rompue. On m’a donc mis sous antibiotiques (même si ce n’est pas automatique !).

    Une fois la greffe du derme artificiel prise, on enlève la couche de silicone et on procède immédiatement à la 2ème greffe.

    La 2ème greffe : Greffe de l’épiderme

    Le silicone du derme artificiel ne reste pas, il est enlevé et remplacé par ma peau qui a été prélevée sur la cuisse par un dermatome. Vous en reprendrez bien une tranche ma petite dame ?

    Prélèvement de peau pour greffe suite à accident de cryothérapie
    Voilà un magnifique 3 bandes réalisé par un chirurgien fan d’Adidas. J’espère toucher des royalties un jour…

    Ne cherchez plus mes muscles aux jambes, même si certains détracteurs diront que je n’ai jamais été bien fourni, ils ont entièrement disparu. J’ai ouï dire que l’on perdait 1 cm de tour de cuisse par jour d’immobilisation. Cette information aura son importance quand j’attaquerai ma rééducation. Bref, plus de cuisses et mes mollets sont devenus des gants de toilettes…

    La peau est prélevée et directement placée sous les 2 pieds. Me voilà complètement refermé ou presque. Il y a encore quelques trous au niveau des métatarses et sous le calcanéum. A ces endroits là, la chirurgienne a du enlever la chair jusqu’à l’os et les greffes ne prennent pas sur les os. Ces plaies devront se refermer par elles-même, aidées pas les infirmières qui seront en charge de mes futurs pansements (j’en reparlerai plus tard). Vous constaterez sur la photo ci-dessous que cette greffe est également agrafée. Ça va biper quand je vais prendre l’avion !

    Greffe de peau suite à brulure causée par un accident de cryothérapie.
    Le premier qui a compté toutes les agrafes a gagné !!!

    Les zones que vous voyez en blanc-jaune sont les zones osseuses apparentes. Bon, ça fait un peu Frankenstein les agrafes quand on regarde de près mais c’est pour mon bien.

    Et voilà, quelques jours après, les agrafes me seront enlevées et il est temps pour moi de voler vers d’autres cieux. Pas besoin d’anesthésie sur ce coup-là, je n’ai plus de sensation dans les pieds à ce moment-là. Pour ceux qui se posent la question, ils utilisent un ôte-agrafe cutanée qui ressemble à un ôte-agrafe de bureau. 😆

    L’heure du départ

    La chirurgienne vient m’annoncer que son travail est fini pour le moment et qu’il est temps pour moi de partir dans un centre de rééducation : L’hôpital Léon Bérard de Hyères. Il n’est de bonne compagnie qui ne se quitte. Mais j’ai vécu plus de 2 mois dans cet hôpital, le quitter n’est pas facile. On casse encore mes habitudes…

    La suite dans le prochain article : L’hôpital Léon Bérard de Hyères.

  • Souvenirs, souvenirs (ép. 8)

    Souvenirs, souvenirs (ép. 8)

    C’est rigolo comme l’écriture peut faire remonter les souvenirs à la surface. De même, la lecture renvoie des images à ceux qui m’ont accompagné et qui ont, eux aussi, vécu des choses.

    Mon épouse m’a d’ailleurs rappelé, sur la rédaction d’un article (épisode 6) que j’avais quitté une chambre simple pour une chambre double. C’est un souvenir que j’avais complètement occulté. On en a donc discuté et certaines images me sont réapparues.

    La première n’est pas la plus funky mais la plus drôle à mon sens. Je revois mon voisin de lit se lever avec la blouse ouverte dans son dos et une vue imprenable sur sa raie. 😆

    Mais je ne me souviens pas de tout. J’ai eu 2 collègues de chambrée et je ne suis pas capable de m’en souvenir totalement.

    On m’a également rappelé que l’on m’avait acheté du parfum d’ambiance pour améliorer la qualité de l’air de ma chambre. N’oublions pas que je faisais mes besoins sur place dans une bassine. Un petit « Pschittt » de parfum n’était pas de trop pour les personnes qui venaient me rendre visite. 😆

    Ma femme m’a également rappelé que ma marraine était venue avec un seau pour me laver les cheveux. Ça devait faire plus de 10 jours que mes cheveux me grattaient. J’étais toujours immobilisé et ce shampooing m’a fait un bien fou ! Comment ai-je pu oublier ce moment de lumière dans l’obscurité ?

    Je me souviens surtout des rendez-vous post opératoires, j’étais impatient de savoir comment s’était déroulée l’intervention et quelles étaient les avancées au niveau des pieds. C’était souvent Arthur, l’interne, qui venait me tenir au courant de l’avancée de ma situation. Toujours optimiste mais jamais de fausses promesses. J’avais toujours une visibilité à 4 jours : Le passage suivant au bloc opératoire.

    La palme pour mon épouse

    Ah ! Ce cadeau, comment ai-je fait pour oublier ça ?

    Hospitalisation oblige, j’ai passé la fête des pères à l’hôpital. Heureusement mon épouse m’a ramené un cadeau pour me remonter le moral !

    Roulement de tambour, j’enlève le papier cadeau (Je dis ça, mais je ne me souviens même plus s’il y en avait, mais au moins vous imaginez le suspens !) et là, que vois-je ? Un bouquin sur une personne qui a perdu ses 2 bras… « 15 000 volts – Une méthode pour s’accomplir » de Louis Derungs.

    Sur le coup, j’ai trouvé que l’achat était osé, voire non adapté et risqué pour le maintien de mon mental au beau fixe mais sa lecture m’a fait changer d’avis.

    Je ne vais pas vous faire l’apologie du bouquin ni sa narration en détail mais, dans les grandes lignes, il s’agit de la capacité de résilience d’un homme qui a perdu ses 2 bras après qu’il ait été traversé par un arc électrique de 15000 V.

    Je ne souffre pas de la même chose mais sur le fond, j’ai pu y voir quelques similitudes. La grande différence réside dans sa capacité à se mettre des défis à long terme et à tout tenter pour les réussir. En ce qui me concerne, je fonctionne différemment, je regarde en arrière de temps en temps et je me félicite du chemin parcouru. Je vis au jour le jour.

    Journal Intime. Date : 21.11.2019

    Nous sommes jeudi et 3 jours sont passés depuis l’opération. Les nuits sont difficiles sans être compliquées. Les douleurs du pied et du ventre (endroit où la graisse a été prélevée) me réveillent régulièrement. Ce sont des douleurs de contact, je bouge, je me réveille. Se mouvoir sur un pied qui est encore douloureux avec des béquilles n’est pas simple. Se laver, aller aux toilettes, monter et descendre les escaliers sont autant de gestes compliqués. Je compte les jours qu’il me reste avant de pouvoir enlever le pansement du pied ainsi que les points de suture sur le ventre qui m’empêchent de m’allonger dans un bain. C’est une suite de lundis : 1er lundi opération, 2ème lundi plus de pansement au pied, 3ème lundi on enlève les fils, 4ème lundi on remet la chaussure et on espère que cela ne fera pas trop mal. Je n’ai pas eu le compte rendu opératoire, je ne sais pas si la chirurgienne a pu mettre beaucoup de graisse sous mon pied. J’en saurai plus lundi. Difficile de rester dans l’instant présent, vivement lundi (spéciale dédicace à Bernard Menez et cette magnifique série des années 80 😆 ).

    En voulant oublier la douleur, la tristesse, la solitude, l’accident et tout ce qui peut être négatif, on ne fait pas le tri et inconsciemment on rejette des choses vécues positives. C’est dommage, on se sépare des bons souvenirs qui y sont associés. D’ailleurs, avec le recul, il est même plus sain de ne pas mettre dans l’ombre ce que je pense appartenir au domaine du négatif dans ma vie. Ces expériences sont là pour que je puisse apprendre, que je puisse avancer, elles me rendent plus fort. Ce sont parfois des messages…

    La suite dans le prochain article : La greffe.